La Baleine Noire

La Baleine Noire : La grande baleine la plus menacée au monde

Nom scientifique : Eurobalaena glacialis
Nom commun : baleine noire de l’atlantique nord ; anglais : right whales ; espagnol : baleine franche ; aussi baleine des Basques.
Ordre : Cétacéa
Famille : Balaenidae
Aire de répartition : Atlantique nord : côte est du Canada et des Etats-Unis jusqu’au Caraïbes. Pour les mères et leur veaux, la baie de Fundy en été et en automne.





Caractéristiques physiques :
:star23: Taille : de 10 à 15 mètres
:star23: Poids : 50-60 tonnes
:star23: Longévité : 80 ans environ
Couleur noire, pas de nageoire dorsale ; porte une callosité sur la mâchoire supérieure appelé « bonnet ». Immersion : de 6-8 mn à 60 mn. Espèce plutôt côtière nageant lentement.




Histoire :
La baleine noire tient une place de choix dans l’histoire européenne.
Considérée comme une ressources inépuisable elle est chassée dès le Xème siècle, d’abord par les basques. Fort des connaissances techniques sur les embarcations et des techniques de pêche apprises des Vikings, les basques arment de petites embarcations à voiles et à rames destinées à se déplacer rapidement vers les baleines, repérées le long de la côte, pour les ramener ensuite vers les ports (Guéthary, Biarritz, Hendaye, Getaria, Mitriku, Zarautz entre autres ont dans leur blason des baleines ou des scènes de chasse à la baleine).

Les basques maîtrisent rapidement cette chasse dangereuse mais très lucrative. La demande de produits issus de l’industrie baleinière est très forte. Aux XIIIème-XIVème siècles, les baleines noires se raréfient le long des côtes. Les basques arment de plus gros bateaux et de petites flottes pour aller les chercher plus loin : de Ouessant au cap Finisterre, dans tout le Golf de Gascogne.
Le XVIème siècle marque l’apogée de la chasse à la baleine noire : des expéditions de plusieurs dizaine de bateaux partent de la côte basque jusqu’au Canada où les Basques établissent des comptoirs de pêche (avant la découverte officielle du Canada par Cartier).

Bientôt, les Anglais et les Hollandais mesurent l’intérêt de cette pêche lucrative et embauchent des Basques harponneurs, dépeceurs, maîtres de chaloupes.
Au XVIIIème siècle, l’espèce décline rapidement en Europe. Les traités d’Utrecht et de Versailles, limitant les zones de pêche pour les basques, ceux-ci abandonnent progressivement la pêche à la baleine. Mais les anglais et les Hollandais prennent le relais et ne laissent aucun répit à la baleine noire. Elle est surnommée « the right whales » parce qu’elle se laisse approcher facilement et qu’elle flotte mieux que les autres baleines une fois morte, ce qui facilite sa récupération.

Au XIXème siècle elle devient rarissime dans tout l’Atlantique.
En 1935, on atteint sans doute le seuil d’extinction avec moins de 50 individus. Il faut se rendre à l’évidence, la baleine noire a été décimée.
Aujourd’hui un petit groupe de 300 individus survit principalement dans les eaux canadiennes et c’est aujourd’hui au Canada et aux Etats-Unis que revient involontairement la lourde tâche de veiller sur une espèce exterminée par les européens.



Queue de baleine noire
A la base de la nageoire caudale de la baleine, on peut voir une zone blanche assez étendue. C’est une grosse cicatrice due à un engin de pèche qui aurait pu entraîner sa mort.
Photo : Jean François Blouin du Centre d’Étude et de Protection de la Baleine Noire du Saint-Laurent (CEPBaN)


Statut et protection de l’espèce : Annexe I CITES
Menaces : S’il suffisait que l’on arrête de chasser la baleine noire pour que ses effectifs remontent, ce serait trop facile et elles seraient des milliers aujourd’hui. La remontée de ses effectifs est 5 fois plus lente que les autres espèces de baleines, ceci pour diverses raisons :


une éventuelle surdité à certaines fréquences de sons : la baleine noire semble sourde à certains sons haute fréquence. Ils ne feraient pas partie de ses fréquences audibles. Cela expliquerait pourquoi elle se laissait jadis approcher par les chasseurs et pourquoi aujourd’hui elle ne réagit pas lorsqu’un bateau à moteur est à proximité immédiate. Des études sont menées actuellement par les scientifiques.


Pollution sonore sous marine : la réfraction des sons en surface, l’écho renvoyé par les fonds rocheux, l’écran formé par la coque des navires font que cette espèce a probablement du mal à communiquer entre individus car c’est une espèce vivant près des côtes (donc près de la surface). De plus, dans le golf de Saint Laurent, des explorations minières sismiques, des exploitations gazières et pétrolières ainsi que des bruits de navires militaires ou scientifiques (sonars) contribuent à une mauvaise sonorité sous la mer.



50% de la mortalité est due aux activités humaines. L’empêtrement dans les engins de pêche ; les chiffres parlent d’eux-mêmes et sont accablants : 70% des baleines portent des cicatrices causées par des engins de pêche. On peut citer entre autres : les filets fantômes, les lignes de fonds flottantes, les trappes à morue, les lignes de casiers. Les collisions avec des bateaux.


Durant l’été 2006, 4 nouveaux-nés ont été retrouvés morts dont un portant des traces d’hélices profondes et un pris accidentellement dans un filet de pêche.


Expositions aux contaminants.


Ressources alimentaires inadéquates limitant les réserves de graisse des mères, ce qui les conduits indirectement à des gestations moins nombreuses. Les individus moins gras sont en moins bonne santé et se reproduisent moins souvent.


Une faible diversité génétique.



La sauvegarde des baleines noires :
Les Etas-Unis ont pris conscience de l’urgence de la situation et mis en place en 1991 un plan de sauvegarde, le « Right Whale Research Project ». Le Canada a fait de même quelques années plus tard. Au programme, réduction de l’impact des activités humaines sur l’espèce, étude et suivi de l’espèce, survol des zones de pèche et des couloirs de navigation très fréquentés, mise en place localement d’une hotline renseignant les positions des baleines lors des périodes de pèche intensives.
Ces mesures sont efficaces mais pas assez étendues.
- Le GREMM (Canada) est un groupe de chercheurs qui étudient les mammifères marins (écosystème, analyse des polluants, nécropsie des baleines) dans le golf du St Laurent, avec l’aide d’un réseau de bénévoles observateurs répartis sur toute la côte. Le GREMM informe le public sur le résultat de ses recherches, sur les observations hebdomadaires dans le golf du St Laurent, sur les menaces rencontrées par les baleines. Les baleines noires ne viennent que rarement dans le golf du St Laurent. Vous pouvez vous abonner à la lettre hebdomadaire en cliquant ci-dessous :
http://www.baleinesendirect.net/abonmt/abn.html
- Centre d’Étude et de protection de la Baleine Noire du Saint-Laurent est un organisme récent qui étudie et protège la baleine noire dans le golf du St Laurent.
- Le New England Aquarium (USA) a mis sur pied un groupe de chercheurs, le « GIS group » utilisant des technologies très avancées (et très coûteuses !), dans le périmètre de la baie de Fundy. Les baleines noires et leurs petits aiment ces eaux calmes et riches en nourriture et se regroupent chaque été à l’entrée de la baie. Par satellite, les chercheurs mesurent la température de l’eau, sa composition (dont dépend la présence ou l’absence de krill), pour mieux localiser les baleines noires, organiser la prévention et faciliter les observations et le comptage par avion. Les recherches et les observations ont déjà permis de déplacer un couloir de navigation très fréquenté.


source: aves france
http://www.aves.asso.fr/
photos: seapics